
Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Je suis restaurateur hôtelier depuis mes 18 ans. J’ai commencé par les cuisines de Paul Bocuse avant de poursuivre une école hôtelière en Suisse pendant 4 ans. Suite à cela, j’ai toujours eu une approche très terrain, j’ai toujours travaillé dans de petites structures.
J’ai ensuite développé des hôtels et des restaurants. J’ai également créé une société de gestion qui développait des hôtels en France et en Espagne, cela pendant 7 ans.
J’ai toujours eu en tête l’idée du Barn, en 2014 j’ai eu la chance de rencontrer mon associé, et en 2018 le Barn ouvrait ses portes.
Comment vous est venue l'idée d'un tel concept ?
Le concept m’est venu grâce à plusieurs facteurs.
Tout d’abord, l’idée du Barn part d’une envie professionnelle nourrie par des besoins personnels. J’ai créé le concept du Barn en pensant comme un client et non comme un hôtelier. De quoi un homme de 40 ans a envie avec sa famille, ses amis.
Comment il a envie de travailler la semaine et de profiter le week-end ? Pour moi, il s’agissait avant tout d’une réponse à un besoin.
Tout en mettant au centre la question “comment doit-on vivre les lieux aujourd’hui ?” Je pense également que l’usage doit être mis au centre des préoccupations lorsque l’on crée un produit. Il faut se demander comment utiliser ce produit ? Cette problématique s’applique également aux lieux événementiels.
Et pour finir, j’avais noté un déficit d’offre, à mon sens, cela faisait 20 ans que l’expression du luxe connaissait un changement, mais sans trouver de réelles réponses. Les codes du luxe changent ainsi que sa clientèle, tendant vers un raffinement de plus en plus demandé. Un luxe plus discret et raffiné, c’était l’ambition du Barn. Les clients recherchent des marques correspondant à leurs lifestyle.

Quel a été le processus afin de trouver le lieu pour créer le Barn hôtel ?
Il n’y a pas réellement eu de processus. J’ai eu la chance de trouver un associé qui avait un territoire qui cherchait une nouvelle fonction. Au-delà du fait d’avoir eu la chance de trouver un associé avec un lieu, j’ai aussi cherché à m’adapter à celui-ci. Je n’avais pas en tête mon lieu idéal. Au contraire, les contraintes inhérentes au lieu ont nourri le projet, il faut embrasser les contraintes afin d’en faire des éléments de différenciations supérieurs.
Il y a une citation d’andré Gide que j’adore et qui résume très bien cette
situation : “L’art nait de contrainte, vit de lutte et meurt de liberté”.
A chaque lieu, on prend le risque de la page blanche.
Quelle a été votre plus grande difficulté depuis que vous êtes à la tête d’un lieu événementiel ?
Il n’y a pas de réelle difficulté. Cependant, notre principal challenge était de faire attention aux interactions des clientèles tout au long de l’année. Pour ne pas décevoir, on ne laisse plus des clients loisir croiser les entreprises en événement.
Venir pour un week-end en amoureux et se retrouver au milieu d’un séminaire d’entreprise peut-être très déceptif pour le client. Nous faisons en sorte que nos clientèles ne se croisent pas, car les attentes et les besoins ne sont pas les mêmes.
De plus, le Barn étant conçu pour y vivre à l’année, du lundi au dimanche, et avec des clientèles variées, nous avons créé un lieu modulable. Ce qui demande beaucoup d’huile de coude, nous n’avons pas d’espace séminaire et d’espace leisure séparés. Cela demande donc une main d’œuvre supplémentaire.
Le Barn hôtel est également un restaurant, un haras et un potager en permaculture, comment arrivez-vous à gérer toutes les facettes de l’établissement ?
Le secret est d’être bien entouré et curieux. Mon plus grand challenge est de ne pas faire de micro-management, il faut trouver les bonnes personnes et des personnes meilleures que soi. Cela aide à l’interaction entre les différentes facettes du produit. Ce qui compte ce n’est pas d’avoir le plus gros spa, le plus grand restaurant. L’important c’est la cohérence produit qui réside dans la marque, j’en suis en quelque sorte le garde-fou.
Pouvez-vous nous décrire une journée dans votre quotidien ?
Évidemment chaque journée est différente. En tant que dirigeant d’un lieu, nous nous occupons du développement, travailler sur les prochains projets et leur positionnement, la décoration, l’agencement des chambres. Il faut également toujours avoir un regard sur la prospection pour trouver de nouveaux lieux.
Et bien entendu, avoir un regard constant sur l’activité du premier lieu, toujours sans faire de micro management bien entendu. La restauration et l’hôtellerie étant des matières vivantes, cela va très vite et il faut toujours être vigilant.
Et bien évidemment, essayer d’aller au-delà des attentes de nos clients, c’est ça qui crée la satisfaction. J’organise autant la brocante du Barn, qu’une exposition de photos ou la rédaction de la nouvelle carte. C’est cette variété de missions qui rend mon métier passionnant.
Comment avez-vous géré la pandémie ?
On a fermé tout simplement, il n’y a pas de réponse plus simple. Nous avons eu la chance d’avoir été bien aidés par l’état Français, et d’autre part, nous avions un produit, qui, dès qu’il avait la possibilité d’être ouvert, était plein.
J’ai eu la chance de pouvoir habiter au Barn pendant la pandémie, ce qui était le plus dur était que nous ayons perdu deux ans de déploiement à cause du covid pour lancer d’autres lieux.
Une période de frustration donc, mais qui nous a tout de même permis d’apprendre. Il y a eu quelques périodes ubuesques où nous pouvions ouvrir les chambres mais pas le restaurant, donc nous faisions 73 room service par exemple.
Cependant, cette période a aussi été une période enrichissante et un accélérateur dans le mode de consommation des gens et dans le télétravail. Cela a eu un effet bénéfique pour le Barn.
Quelle place prend l’événementiel au Barn Hotel versus la clientèle particulière ?
Je crois comprendre que le Barn hôtel “va faire des petits” vous pouvez nous en dire plus sur les ouvertures prochaines ?
D’ici deux ans, nous avons prévu 3 nouvelles ouvertures, une dans le Vexin, une à Compiègne et une en Champagne. Chacune sur des modèles d’environ 80 chambres et sur des territoires bucoliques d’exception.
Chaque lieu aura des attraits agricoles propres à sa région. Une marque de produit laitier dans le Vexin, de la bière près de Compiègne en Suisse Picarde ..
Aujourd’hui nous sommes également agriculteurs. S’adapter, être curieux et créer des projets en se mettant à la place de sa clientèle, c’est ainsi qu’Edouard a réussi à créer un hôtel à la fois atypique et raffiné autour de valeurs
conviviales tout en mettant en valeur la nature environnante.
Nous avons hâte de découvrir ses autres lieux, et par la même occasion, de nouvelles régions ainsi que de nouveaux savoirs faire locaux.